L'officier avancait péniblement dans le vent, et il semblait que sont chapeau allait s'envoler d'une minute à l'autre. Après avoir tant chevauché de sa Suisse natale pour venir servir l'Empereur, celui-là même qui avait permis à son pays d'exister, il atteignant enfin les bases arrières de sa zone d'affectation.
La fatigue le gagnait, il pestait contre ce stupide cartographe qui l'avait égaré des jours durant et de la difficulté de maintenir ses troupes en formation : la vodka épiait chaque mouvement de ses hommes, et les soumettait à la tentation continuellement. Ce bataillon avait terriblement besoin de repos, de femmes et de discipline.
Lorsque enfin on lui fit signe que les bureaux de l'école militaire se rapprochaient, il soupira. Un peu de repos, songea-t-il, et ensuite les formalités ...
- Halte, qui va là !
La sentinelle le tira de sa rêverie. Avec sa fatigue il ne l'avait point remarquée. Sacrebleu !
- Sous-lieutenant Saint-Céleste, tonitrua-t-il. Puis d'ajouter : Je viens chercher repos, ordres et ripaille pour moi et mes hommes, ensuite de quoi nous rejoindrons le front, asséna-t-il à la sentinelle abasourdie d'entendre ce français venu d'ailleurs.
La sentinelle grommela un "Hmm encore des étrangers" et s'en alla quérir les chefs de régiment.